Karl Laske et Jade Lindgaard

20 juin 2023 à 12h55

LeLe harcèlement policier continue. À la veille de la possible dissolution des Soulèvements de la Terre (SLT), qui pourrait intervenir mercredi 21 juin en conseil des ministres, au moins sept personnes ont été arrêtées mardi matin sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) et placées en garde à vue.

L’un des porte-parole des Soulèvements de la Terre, Benoît Feuillu, fait partie des personnes interpellées. Il soulignait dans Mediapart, vendredi 16 juin, que « la relance de la procédure de dissolution » s’intégrait « dans une séquence particulière, avec des arrestations par la police antiterroriste » instrumentalisées par « les industries les plus toxiques du pays ». Il avait participé avec d’autres porte-parole et soutiens des Soulèvements de la Terre à une émission de Mediapart le 6 juin.

Le coup de filet policier a eu lieu vers 6 heures du matin mardi. Environ 60 policiers de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) ont perquisitionné plusieurs lieux de vie collectifs de la ZAD, arrêté et menotté des habitant·es et saisi des téléphones, selon le récit de personnes sur place.

Aucun motif d’interpellation n’avait encore été rendu public, mardi midi. Mais l’un des fonctionnaires intervenants a mentionné l’enquête de « Bouc-Bel-Air », site où se trouve une cimenterie du groupe Lafarge-Holcim, dans les Bouches-du-Rhône, ciblée par une action militante le 10 décembre dernier.

L’enquête sur l’intrusion dans la cimenterie a déjà donné lieu à l’interpellation, le 5 juin, de quinze personnes, à Bayonne, Toulouse, Verfeil-sur-Seye, Dijon, Lyon et Montreuil. Celles-ci ont été remises en liberté, pour certaines après 90 heures de garde à vue, sans être mises en examen pour le moment. Une juge d’Aix-en-Provence, Laure Delsupexhe, instruit cette affaire pour « association de malfaiteurs », « dégradation ou destruction par moyen dangereux en bande organisée », et « dégradation ou destruction en réunion par des personnes dissimulant volontairement leur visage ».

L’offensive judiciaire coïncide avec l’annonce d’une dissolution prochaine des Soulèvements de la Terre par le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, au Sénat, le 14 juin, et l’envoi par le ministère de l’intérieur d’une nouvelle lettre de griefs aux porte-parole du mouvement, leur donnant trois jours pour répondre.

Placé en garde à vue, Benoît Feuillu n’aura donc pas l’opportunité de suivre l’évolution de la procédure administrative en cours.

Contacté par Mediapart, le parquet d’Aix-en-Provence n’a pas commenté l’opération en cours.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/20/soulevements-de-la-terre-la-police-procede-a-une-serie-d-interpellations-de-militants_6178417_3224.html