Le Premier Mai Massif
Posted on Friday 28 April 2023, 14:21 - updated on 01/05/23 - Mobilisations - Permalink
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Le premier Mai massif !
Élysée et gouvernement Entretien
(médiapart)
« Nous vivons une véritable allergie au peuple : une démophobie »
Pour le philosophe Marc Crépon, la France connaît une régression démocratique irréfragable sous le joug d’Emmanuel Macron. Au point que le prétendu pays des droits de l’homme accoste des rivages autoritaires, sinon dictatoriaux. Entretien radical et judicieux.
Il faut montrer, jusqu’à produire de l’effroi, ce qu’il en coûte d’aller manifester, de contester, de résister.
En quoi les atteintes au droit de manifester participent-elles de l’abaissement démocratique ?
D’une part, le pouvoir ne cesse de délégitimer les cortèges : en minorant leur nombre, en rabâchant qu’ils sont manipulés. Et ce, tout en les infantilisant : « Nous nous sommes mal fait comprendre, il y a eu un déficit d’explications », etc.
D’autre part, et surtout, la déconsidération de la vox populi ne suffisant plus, il y a une volonté délibérée de la réduire par la peur. En donnant une visibilité accrue aux forces de police, mais aussi à ce qu’elles sont capables de faire. Il faut montrer, jusqu’à produire de l’effroi, ce qu’il en coûte d’aller manifester, de contester, de résister…
Nous vivons une véritable allergie au peuple : une « démophobie », qui va plus loin que « la crainte des masses » dont parlait Étienne Balibar.
Je considère que le plus grand symptôme de la démophobie, c’est quand, face à une contestation aussi forte et massive que celle récusant la réforme des retraites, le sommet du pouvoir ne trouve qu’à lâcher, comme le fit Emmanuel Macron dans Le Parisien : « J’aurais dû m’impliquer davantage. »
Non seulement le président de la République destitue symboliquement sa première ministre et son gouvernement, mais il rejette toute autonomie de jugement chez ceux qui s’insurgent contre sa réforme : ils ne savent pas ce qu’ils font, ils ne sont pas suffisamment ni correctement informés.
La démophobie du pouvoir actuel, qui lui fait nier la légitimité populaire et l’oblige à passer au stade permanent de la répression, fait entrer la France de plain-pied dans cette zone poreuse qui ne nous distingue plus tout à fait des régimes antidémocratiques, où la répression brutale et les arrestations à tout-va s’avèrent les seules réponses à la contestation.
Y a-t-il des degrés franchis un à un, dans cette démophobie dont font montre le président Macron et ses troupes ?
Nous constatons que sont progressivement ciblées telles ou telles catégories d’individus, de catégories professionnelles, de mouvements associatifs. L’alerte la plus récente a été la sortie de Gérald Darmanin contre la Ligue des droits de l’homme