"Nous sommes là, vivants, tremblants, mais toujours debout"

 

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Simon Abkarian, Charles Berling : "Nous sommes là, vivants, tremblants, mais toujours debout"

"Vivants" on remets notre nos sons de lutte de la culture  en d'octobre 2003 à Nantes quand on occupait LU (collectif au Pied du Mur ) de la coordination des intermittents et précaires durant cette semaine blanche .

 

Manif Tirée par des cordes de marine de la Place Graslin au Cours St Pierre . La police à l'époque était plus policée..Elle laissait s'exprimer par moment.

 

la grande table culture La Grande table culture par Olivia Gesbert  le 2 décembre 2020

Dialogue entre deux comédiens et metteurs en scène, Simon Abkarian, - à l'occasion de sa pièce "Le dernier jour du jeûne", dont les représentations au Théâtre de Paris reprendront le 15 décembre - et Charles Berling, directeur du Théâtre Châteauvallon-Liberté à Toulon.

Simon Abkarian est un acteur français d’origine arménienne. Comédien formé au sein de la troupe d'Ariane Mnouchkine et récompensé en 2001 d'un Molière du meilleur comédien sous la direction d'Irina Brook, il a aussi tourné avec de nombreux réalisateurs, en commençant par Cédric Klapisch. Il est aussi auteur et metteur en scène de ses pièces : ainsi, en 2020, sa pièce Electre des bas-fonds remporte 3 Molières.

Le fait de faire du théâtre est déjà un miracle qui vient de l’utopie démocratique, c’est un pas vers une monde meilleur. (Simon Abkarian)

Son spectacle Le dernier jour du jeûne, où l'on retrouve entre autre Ariane Ascaride dans le rôle de Nouritsa, reprendra au Théâtre de Paris du 17 décembre au 2 janvier. Cette "tragi-comédie de quartier" nous plonge dans un décor méditerranéen où les maisons blanches tournoient pour nous raconter une histoire de famille, de voisinage, de femmes. La tradition des pièces antiques mettant en scène des femmes en proie à la fatalité et dotées de pouvoirs de prophétesses rencontre des préoccupations contemporaines : ces femmes rêvent d'amour, expriment leur désir, parlent de sexualité, se libèrent du poids de la tradition. 

 

Charles Berling, lui, est metteur en scène, réalisateur, scénariste, producteur, chanteur, et directeur du Théâtre Châteauvallon-Liberté de

 

Tous deux sont signataires de cette tribune publiée dans le Nouvel Obs, initiée par Caroline Proust et Alain Fromager. Les artistes montrent comment le nouveau confinement a poussé les théâtres à se tourner vers d’autres formes pour maintenir le lien avec le public : lectures, diffusions de captations, et, surtout, utilisation de plateformes avec diffusion en direct, ce qui donne l’illusion d’un « spectacle vivant ». Mais, en réduisant la valeur d'un spectacle au nombre de « vues » et en rendant possible la diffusion de commentaires par les spectateurs pendant la pièce, en plus de banaliser la disparition des salles de spectacle, ces solutions temporaires représentent une menace bien réelle pour le monde du spectacle vivant. Les signataires mettent en garde contre le recours systématique au numérique et la concurrence des plateformes.

Il y a beaucoup de dégâts dans la profession, surtout pour les plus fragiles et les indépendants. [...] C’est une erreur de penser qu’on va s’en sortir en essayant de combler l’inexistence du lien physique, car ce n’est pas la même chose. On peut faire un travail autour du spectacle vivant, mais on ne peut pas le remplacer. (Charles Berling)

Le théâtre et la diversité culturelle sont les signes de la bonne santé d’un pays, de sa démocratie. Quand ça n’existe plus, il faut s’interroger quant à la qualité des eaux : nous sommes les écrevisses, les truites de cette démocratie. Si on meurt les premiers, c’est parce que nous sommes les plus sensibles à la pollution intellectuelle. (Simon Abkarian)

Toulon depuis 2010. 

 

Extraits sonores :

  • Roselyne Bachelot au micro d'Emmanuel Laurentin, le 19 novembre 2020

  • Ariane Ascaride, lettre ouverte à Emmanuel Macron, 30 octobre 2020

  • Monsieur le Président,

    Je sais. Vous êtes au four et au moulin et ma lettre ne pèse pas bien lourd face à cette marée épidémique. Mais je ne peux pas m’empêcher de l’écrire. 

     

    Monsieur le Président, hier soir, devant la télé, je vous écoutais avec une grande attention, mon espoir, bien avant l’allocution, était réduit à néant, mais ce qui fait un trou à mon âme est l’absence dans votre discours du mot "Culture". 

    Pas une fois, il n’a été prononcé. Nous sommes la France, Monsieur, pays reconnu par le monde entier et envié par tous pour la présence de sa créativité culturelle, la peinture, la musique, la littérature, la danse l’architecture, le cinéma, le théâtre (vous remarquez que je cite mon outil de travail en dernier), tous ces arts sont dans ce pays des lettres de noblesse que les hommes et les femmes du monde admirent. 

    C’est un pays où marcher dans les rues raconte l’histoire du Monde, où la parole, dans les cinémas et les théâtres, apaise, réjouit, porte à la réflexion et au rêve, ces anonymes qui s’assoient dans le noir pour respirer ensemble un temps donné. Nous sommes indispensables à l’âme humaine, nous aidons à la soigner, je ne parle même pas de tout le travail que nous faisons avec les psychiatres .

    Nous sommes des fous, des trublions, mais tous les rois en ont toujours eu besoin. 

    Et hier soir, silence total...

    Je pensais à Mozart, hier soir. Au fond, le regard des dirigeants n’a pas tellement changé et ça me désespère. Nous faisons du bruit, nous parlons et rions fort, nous dérangeons certes, mais sans nous, l’expression de la vie est réduite à néant.

    Aujourd’hui, je suis perdue. Je sais, je veux le croire, les lieux de culture ouvriront à nouveau et on pourra retourner dans les librairies acheter un livre, qu’on glissera dans la poche de son manteau comme un porte-bonheur, un "porte vie" . 

    Hier soir, quelque chose s’est brisé dans mon cœur. Je ne sais pas bien quoi. Peut-être l’espérance.

    Et c’est terrible pour moi , car c’est l’espérance d’écrire un beau livre, de construire un bel édifice, de faire entendre un texte magnifique, de peindre l’aura des humains, de faire chanter et danser nos spectateurs qui nous poussent tous à travailler comme des fous, à faire des sacrifices de salaire, des sacrifices familiaux. Demandez à nos familles ce qu’elles acceptent parfois pour que nous puissions donner de la joie à ces anonymes .

    Voilà, Monsieur le Président, je ne pouvais pas me taire, moi. Votre silence m’a démolie. Mais je me relèverai et mes amis aussi. Je voulais juste que vous mesuriez, avec cet oubli, combien vous avez écorché les rêves de ceux qui font rêver et se sentir vivant.

    Avec toutes mes salutations respectueuses,

    Ariane Ascaride

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Marcelo

Author: Marcelo

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